Amende civile pour meublés de tourisme : 20 000 € (lundi, 10 septembre 2018)
Cet arrêt relatif à une amende civile prononcée à raison du changement d'usage irrégulier fait par un propriétaire qui avait confié à une société le soin de sous-louer à usage de meublé de tourisme son immeuble d'habitation: 20 000 €.
"Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 7 mars 2017), rendu en référé, que M. Y..., propriétaire d’un appartement à usage d’habitation, a été assigné par le procureur de la République en paiement d’une amende civile, sur le fondement de l’article L. 651-2 du code de la construction et de l’habitation, pour avoir loué ce logement de manière répétée sur de courtes durées à une clientèle de passage, en contravention avec les dispositions de l’article L. 631-7 du même code ;
Attendu que M. Y... fait grief à l’arrêt de dire qu’il a enfreint les dispositions de l’article L. 631-7 précité et de le condamner au paiement d’une amende de 20 000 euros, alors, selon le moyen :
1°/ que, pour justifier la condamnation de M. Y..., la cour d’appel a retenu, par motifs propres, que son appartement avait été offert à la location sur les sites de booking.com et budgetplaces.com, puis sur le site Habitat Parisien, en ajoutant que M. Y... ne pouvait le contester « puisqu’il justifie avoir donné son appartement en location meublée par contrat du 2 juin 2010 à la société Habitat Parisien avec autorisation expresse donnée au locataire de sous-louer de manière temporaire le logement » ; qu’en se déterminant ainsi, sans avoir constaté que M. Y... ait lui-même procédé aux mises en location litigieuses sur ces sites, pour être l’auteur d’une infraction, ni donné aucune autorisation à la société Habitat Parisien d’y procéder dans des conditions contraires à la loi, la cour d’appel a violé les articles L. 631-7 et L. 6521-2 du code de la construction et de l’habitation ;
2°/ que l’amende civile est une sanction ayant le caractère d’une punition, même lorsqu’elle n’est pas prononcée par une juridiction répressive, de sorte qu’elle est susceptible d’être confrontée au principe constitutionnel de légalité des délits et des peines ; qu’il s’ensuit que son infliction doit respecter, en toutes matières, les exigences des articles 8 et 9 de la Déclaration de 1789, et notamment le principe de personnalité des peines, qui a valeur constitutionnelle et s’étend à toute sanction ayant le caractère d’une sanction ; qu’en l’espèce, la cour d’appel n’a relevé, par motifs propres ou adoptés, aucun élément permettant d’établir que M. Y... aurait, soit commis personnellement l’infraction sanctionnée, soit donné instruction à son preneur de sous-louer dans des conditions prohibées, soit ait seulement connu les conditions illégales de la sous-location ; que la seule « connaissance de cause » que la cour d’appel lui a attribuée, dans le contrat de bail qu’il a conclu avec la société Habitat Parisien, porte exclusivement sur l’autorisation « expresse donnée au locataire de sous-louer de manière temporaire le logement », sous-location qui, en soi, n’a rien d’illégal ; qu’en infligeant dès lors à M. Y... une amende civile, c’est-à-dire une sanction ayant le caractère d’une punition, sans avoir retenu aucune pratique interdite par le législateur qu’il ait lui-même personnellement commise, la cour d’appel a violé l’article L. 651-2 du code de la construction et de l’habitation, ensemble les articles 8 et 9 de la Déclaration de 1789 et l’article 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;
Mais attendu qu’ayant relevé qu’il résultait de l’enquête diligentée par la Direction du logement et de l’habitat que l’appartement de M. Y... avait été loué ou proposé à la location sur plusieurs sites internet et que, par contrat du 2 juin 2010, il avait été donné en location meublée à la société Habitat parisien avec autorisation expresse donnée au locataire de le sous-louer de manière temporaire, la cour d’appel a retenu à bon droit qu’une telle location en connaissance de cause ne pouvait dégager M. Y... de la responsabilité qu’il encourait en qualité de propriétaire et a pu, sans méconnaître les dispositions des articles 8 et 9 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de l’article 6, § 1, de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le condamner au paiement de l’amende civile prévue par l’article L. 651-2 précité ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;
Et attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur les autres griefs qui ne sont manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi."